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Le directeur de l'OMC cueilli à froid par les syndicats

12.03.2004

In L'Express, main daily of Mauritius, this morning (12 March 2004)

Le directeur de l'OMC cueilli à froid par les syndicats

Le Dr Supachai Panitchpadki a trouvé sur son parcours des syndicalistes mauriciens et sud-africains. Ils brandissaient des pancartes hostiles à la mondialisation.

Les syndicalistes se sont regroupés hier devant l'hôtel du gouvernement ainsi qu'à Plaine-Magnien.

LA MANIFESTATION syndicale contre la venue du directeur général de l'Organisation mondiale du commerce a-t-elle fait craindre aux autorités des débordements ? Elles le nient. Toujours est-il qu'un face-à-face prévu entre le Dr Supachai Panitchpakdi et les universitaires pour demain à l'auditorium de l'université a été annulé.

Les autorités évoquent simplement un programme trop chargé pour expliquer ce changement. "Il n'y a rien de sorcier dans ce changement de programme. Le Dr Supachai voulait tout simplement avoir un peu plus de temps libre. Il a d'ailleurs un emploi du temps très chargé", affirme un responsable de l'organisation de la visite au ministère des Affaires étrangères.

L'invité du pays à la célébration de la fête nationale a été accueilli hier par quelques slogans hostiles à la mondialisation. Des syndica-listes sud-africains sont venus gonfler les rangs des syndicalistes du pays au rond-point de Plaine-Magnien et devant l'hôtel du gouvernement, des endroits qu'a traversés le Dr Supachai Panitchpakdi à son arrivée.

"Halt to the monster"

Les principaux syndicats et mouvements de gauche du pays s'étaient donné le mot : le Mauritius Labour Congress (MLC), la Government Servants' Association (GSA), le National Trade union Council (NTUC), la Federation of Progressive Unions (FPU), la Fédération des travailleurs unis (FTU) et Lalit. Les Sud-Africains, eux, sont membres de la Health and Other Service Personnel Trade Union (HOSPTU).

"No to World Trade Organisation, Halt to the monster, WTO means poverty, WTO means privatisation." C'est par des pancartes arborant ces slogans que les manifestants ont exprimé leur désapprobation du choix du gouvernement. Ils sont une trentaine à avoir défilé en groupe de onze devant l'hôtel du gouvernement. Ils évitaient ainsi de se mettre en situation illégale, le Public Gathering Act (PGA) interdisant qu'un plus grand nombre de manifestants se tiennent devant l'hôtel du gouvernement. La manifestation a duré une quarantaine de minutes.

Les syndicalistes sud-africains ont également fixé sur pellicule et filmé l'événement afin de conti-nuer leur campagne contre l'OMC une fois rentrés. Gavin Moultrie, président de HOSPTU, soutient que les syndicalistes sud-africains sont solidaires avec ceux de Maurice. "Le gouvernement n'aurait pas dû inviter le directeur de l'OMC pour la célébration de l'Indépendance car l'OMC incarne le démantèlement de l'Etat providence", s'exclame-t-il.

Les dirigeants de Lalit ont déposé une lettre ouverte au Premier ministre, Paul Bérenger, ayant pour titre Lindependans pas enn marsandiz. Les dirigeants de la FPU ont, eux, envoyé une lettre ouverte au directeur général de l'OMC, expliquant pourquoi ils s'opposent à sa venue.

L'Etat providence
Le mouvement syndical dans son ensemble croit que l'OMC incarne le démantèlement de l'Etat providence, la privatisation et la suppression d'emploi. Paul Bérenger a rétabli les faits dans une lettre adressée, mercredi, aux dirigeants du MLC.

Le Premier ministre soutient que l'OMC a été mise sur pied pour libéraliser le commerce international au bénéfice des Etats vulnérables et sous-développés. Il explique également que c'est pour faire entendre la voix de ces pays au sein de l'OMC que le directeur général de cette organisation a été invité. "It is precisely this consideration that has motivated government to invite the Director-General of WTO to Mauritius so that he is better able to understand and appreciate our situation and our concern and take these into consideration when decisions are made."

Jean-denis PERMAL

(Published in L'Express, 12 March 2004)